Les nouvelles habitudes des foyers face au streaming

Famille souriante regardant un écran dans un salon chaleureux

En 2024, 67 % des foyers français déclarent privilégier une plateforme de streaming plutôt que la télévision classique pour visionner des contenus vidéo. Pourtant, la consommation linéaire ne disparaît pas totalement : près d’un quart du temps passé devant un écran reste dédié aux chaînes traditionnelles. Cette coexistence force les acteurs historiques à ajuster leurs offres et stratégies.

Les abonnements multiples se généralisent, alors même que les budgets alloués stagnent. Les plateformes doivent rivaliser d’ingéniosité pour fidéliser des utilisateurs devenus volatiles, tandis que de nouveaux équilibres s’installent dans les habitudes de visionnage.

Ce que révèlent les chiffres 2024 sur la consommation vidéo des Français

La consommation vidéo en France a pris un virage sans appel. Cette année, la progression du streaming bouleverse la donne : deux foyers sur trois se tournent d’abord vers une plateforme pour regarder films, séries ou documentaires. La télévision linéaire, elle, recule mais tient encore la barre, notamment pour ces moments où le direct et l’événement restent privilégiés.

Au quotidien, les Français passent en moyenne 1h48 devant leurs écrans à visionner des vidéos, tous supports confondus. Ce chiffre englobe aussi bien les plateformes de streaming que les chaînes classiques, les réseaux sociaux ou la vidéo à la demande.

Ce qui frappe, c’est la multiplication des abonnements. Plus de 26 millions de foyers disposent d’un ou plusieurs accès à des plateformes. L’abonnement TV n’est plus figé dans un contrat de longue durée : il se décline désormais sous forme d’essais gratuits ou de formules sans engagement, ce qui pousse chacun à explorer, comparer et changer d’offre selon ses envies du moment.

Ce basculement a son revers pour les salles de cinéma, qui voient leur fréquentation diminuer. Pourtant, la France résiste mieux que ses voisins européens, notamment grâce à des politiques de soutien au secteur et à une offre culturelle diversifiée. L’industrie du cinéma s’adapte, tente de réinventer l’expérience en salle pour redonner le goût du grand écran à un public désormais habitué au confort du visionnage à domicile.

L’émergence du streaming en France remet également en jeu la place de la télévision par TNT. Celle-ci reste bien ancrée dans le quotidien, mais les foyers opèrent des choix plus ciblés, privilégiant la variété et la personnalisation pour composer leur propre parcours audiovisuel.

Streaming ou télévision traditionnelle : quelles différences dans les usages et les attentes ?

Au fil du temps, l’écart se creuse entre l’expérience offerte par une plateforme de streaming et celle proposée par la télévision linéaire. Les services en ligne attirent d’abord par leur catalogue pléthorique et par une flexibilité qui donne le contrôle total au spectateur. Plus besoin d’attendre une diffusion ou de subir une grille horaire : chacun pioche, organise, interrompt ou reprend selon ses envies, sur la TV du salon ou le smartphone dans les transports.

Les chaînes traditionnelles, elles, n’ont pas dit leur dernier mot. Elles gardent pour elles la magie du direct, des grands rendez-vous collectifs : une soirée football, une cérémonie, un concert retransmis en exclusivité. Mais la tendance est là : la souplesse et la mobilité prennent le dessus, et le public s’habitue à zapper d’un univers à l’autre sans contrainte.

Chez les plus jeunes, la vidéo s’invite partout, portée par les réseaux sociaux et des formats toujours plus courts. On passe d’une plateforme à l’autre, d’un épisode à un extrait de quelques secondes, souvent en mode multitâche. Côté musique, le streaming a imposé la même logique : accès illimité, choix de morceaux à la carte, là où la radio classique maintient encore une programmation imposée.

Voici les principales différences qui structurent les usages et les attentes :

  • Personnalisation : recommandations, playlists, algorithmes qui s’ajustent à chaque profil.
  • Flexibilité : choix du moment, du support, possibilité de regarder où et quand on veut.
  • Collectif : rendez-vous, événements en direct, moments partagés en famille ou entre amis.

Les attentes convergent désormais vers des expériences fluides, modulables, capables de s’adapter au rythme de chacun. On ne surfe plus sur les chaînes au hasard : on navigue de manière ciblée, à la recherche d’un contenu qui colle parfaitement à l’envie du moment.

Jeune adulte regardant une série dans une chambre minimaliste

Vers de nouvelles stratégies de contenu face à la mutation des pratiques médiatiques

L’essor du streaming n’a pas seulement modifié la façon de regarder la télévision, il a aussi poussé les plateformes à revoir leur stratégie. Proposer un catalogue riche ne suffit plus : chaque service tente de se démarquer par des contenus exclusifs, des expériences sur mesure et des innovations dans la manière de diffuser.

Les diffuseurs testent ainsi la publication échelonnée des épisodes : plutôt que de mettre en ligne toute une série d’un coup, ils misent sur une sortie hebdomadaire, recréant une attente et une fidélité proche de celle des rendez-vous d’antan. Les créations originales montent en puissance, portées par des réalisateurs et artistes issus du cinéma ou de la musique, attirant un public avide de nouveauté.

Les stratégies adoptées pour s’adapter à ces nouveaux usages se déclinent ainsi :

  • Accent mis sur la diversité des contenus : films, séries, documentaires, événements en direct.
  • Développement de contenus interactifs et formats hybrides pour enrichir l’expérience utilisateur.
  • Ouverture à la publicité dans certaines offres pour rendre le streaming plus accessible.

La personnalisation ne se limite plus à la recommandation de vidéos : elle s’étend à des playlists automatiques, à l’ajustement du catalogue selon les tendances, et même à l’analyse fine des préférences individuelles. L’industrie musicale suit le mouvement, multipliant collaborations inédites et exclusivités, pour garder une longueur d’avance sur des auditeurs toujours plus exigeants.

Dans ce paysage mouvant, chaque foyer devient un terrain d’expérimentation permanent. Le spectateur n’attend plus qu’on lui dicte ses choix : il construit, assemble, explore, et fait de chaque moment de visionnage une expérience unique. Face à cette mutation, une certitude s’impose : l’univers audiovisuel français ne reviendra pas en arrière. Il faudra compter avec cette nouvelle liberté, aussi stimulante qu’imprévisible.

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